Égide des arbres selon les mois lunaires dans le calendrier chinois de la dynastie des Xia (-2205 à -1767).
Entre Terre et Ciel
Entre Ciel et Terre
L’arbre depuis l’antiquité a souvent été utilisé comme symbole de la vie et de l’être humain, entre Terre et Ciel.
Ses racines s’enfouissent profondément dans la Terre, comme l’homme fouillant son inconscient pour y retrouver ses repères-racines, ses origines.
Le ciel, (qui commence à « fleur » du sol), est l’espace dans lequel l’arbre comme l’homme peuvent s’épanouir et se réaliser.
Dans la vision taoïste, les énergies du Ciel descendent et influent profondément la Terre, en retour les énergies de la Terre montent et influent le Ciel.
Ces énergies passent dans les deux sens à travers tous les êtres. L’arbre relie donc le Ciel et la Terre, comme l’être humain.
Dans les traditions celtiques, kabbalistique, chamaniques et d’autres encore, les humains ont aussi choisi certains arbres comme représentants de certaines valeurs.
La « résonance »
Dans la tradition chinoise, relatée par exemple dans son livre le » HuaiNan Zi », le prince Liu An (-179 -123 a.c.) auteur taoïste, rappelle que l’homme véritable est en « résonance » avec tout ce qui vit, et donc qu’il doit observer des « règles saisonnières » (Shize) pour rester en harmonie-conformité avec la nature afin de ne pas y perdre la sienne et éviter de provoquer le chaos. Ces règles sont basées sur le calendrier des Xia (dynastie chinoise régnante de -2205 à -1767 avant J.-C.).
Pour chaque saison, sont écrites les règles de ce qu’il convient de faire, entre autres comment se nourrir, se vêtir, se positionner, quelle musique écouter, quelle attitude avoir envers le peuple quand on est souverain, quelle attitude adopter avec la nature, et sous l’égide de quel arbre est placée le mois lunaire en cours.
Si l’arbre est comme l’homme, on retrouve dans des traditions dans le monde, des rituels avec les arbres. En Chine, une ancienne pratique, transmise encore de nos jours au sein de l’école du joyau magique (LingBaoMing), consiste à se mettre en relation avec un arbre, pour échanger avec lui l’énergie vitale. Cela consiste notamment à reconnaître le lien particulier que chaque tronçon du corps a avec chaque partie de l’arbre. Cette pratique se nomme DingShuGong, au terme de laquelle peut apparaître dans l’esprit du pratiquant, une image, celle d’un arbre précis, comme son arbre totem.
Avant d’aborder les 12 arbres symboliques du calendrier des Xia, représentant chaque mois de chaque saison, il convient de rappeler l’énergie de chaque saison et encore avant de rappeler à quoi correspond une saison.
La saison chinoise
Les chinois reconnaissent 4 saisons comme les nôtres, printemps (élément bois), été (élément feu), automne (élément métal), hiver (élément eau) plus une 5e saison (élément Terre), qui est à la fois une saison intermédiaire (une période de 18 jours avant chacune des 4 saisons formant une sorte de sas de transition d’une énergie saisonnière à l’autre) et une période de fin d’été où la canicule peut se présenter.
Chaque saison est basée sur le calendrier solaire-lunaire. Ainsi le paroxysme (donc le centre-milieu) de chaque saison est soit un solstice, soit une équinoxe. Par exemple, la saison hiver de (360/4=) 90 jours se termine donc (90/2=) 45 jours après le solstice d’hiver. Les mois étant calculés en fonctions des lunaisons, le premier jour du printemps est le jour de la 1ère nouvelle lune la plus proche passé cette date. A partir de ce « jour de l’an naturel », les 12 mois lunaires s’enchaînent jusqu’à la fin de l’hiver.
Égide des arbres selon les 12 mois lunaires
Le 1er mois de l’année est celui de la saison la plus manifeste de la vie, celle où tout commence à pousser, à éclore, le Printemps. Ouverture, pousse, déploiement (rendre visible ce qui était latent ou caché l’hiver), sortie d’hibernation, dégel, cette saison est dédiée à l’ouverture des vantaux (portes et tout ce qui obstrue). |
| 1. Le Peuplier de Chine est un arbre pouvant atteindre 12 à 15 m de haut et 6 à 8 (jusqu'à 10) m de large. et dont la longévité est importante (200 ans) Arbre à croissance rapide annuelle d'environ 50 cm, il resplendit de son feuillage dès le printemps. Il représente la générosité et la bienveillance de la nature et celles dont doivent faire preuve les hommes et les souverains en début d’année. |
| 2. L'abricotier est originaire du nord de la Chine (province de Xinjiang) ou il est cultivé depuis 2000 ans. Espèce vigoureuse, il peut atteindre plus de 6 mètres de hauteur en situation naturelle favorable. Il a tendance à avoir une forte végétation, et caractérisé par une floraison précoce au deuxième mois de printemps . |
| 3. Le prunier est un petit arbre caduc originaire de Chine (Guangdong, Guangxi, Fujian, Sichuan) qui peut mesurer jusqu’à 12 m de haut.Il donne une floraison très précoce et très abondante, symbole de résistance au froids et aux conditions difficiles. Depuis l’antiquité, il représente le peuple chinois qui a toujours survécu à toutes les calamités humaines et naturelles.
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La seconde saison est l’Été, dédiée au fourneau. Saison de la maturité et de la sérénité, grandeur, hauteur, lumière, spirituel. Récompenses, gratifications, indulgences, pour faire grandir et nourrir, poursuivre la croissance et augmenter la taille de tous les êtres. |
| 4. Le bois de pêcher et sa couleur chassaient les démons, ses pétales étaient capables d’ensorceler les humains, et son fruit, les célèbres pêches d’immortalité, venaient à maturité tous les mille ans. D’origine chinoise, cet arbre est un fruitier à écorce lisse, haut de 2 à 7 mètres, à port étalé et à croissance rapide. |
| 5. Arbre de 10 à 12 m de haut , très rustique, l’orme est particulièrement tolérant aux conditions de culture. Les branches d’orme mâle étaient utilisées pour chasser les mauvais esprits. On en disposait verticalement une de chaque côté de la porte d’entrée de la maison. Aujourd’hui, elles sont parfois remplacées par deux bandes de papier rouge sur lesquelles est écrit le nom de l’arbre, avec soit un charme exorciste ou une pensée du même genre. |
| 6. Le catalpa fournit de très grandes feuilles et des fleurs en grosses grappes en juillet et août. Il dégagerait une odeur qui éloignerait les moustiques et les mouches. Son bois sert à fabriquer les cithares chinoises (guzheng). Il est aussi celui qui offre le réconfort de l’ombre en pleine canicule pour le repos quotidien, et le bois dont on confectionne les cercueils pour le repos définitif, la fin de l’été laissant place au yin qui va affaiblir les vieillards. |
La troisième saison est l’automne, saison de fermeture, des punitions et châtiments, dédiée aux portes.( leur entretien et leur réparation pour garantir leur fermeture, ainsi que pour les murailles et toutes les formes de protections), préparation des armes et de l’entraînement des officiers, de la chasse, de la justice et des procès, des récoltes, des poids et mesures |
| 7. Le mélia (margousier de Chine) , arbre de croissance assez lente de 10 à 12 mètres et ses fleurs rose-violet apparaissent en grappe vers mai-juin. Elles sont de petite taille mais très parfumées. Elles donnent de jolies baies décoratives pouvant persister tout l'hiver qui sont sensées être la nourriture du phénix. Le margousier est rustique tenant des températures jusqu'à -15°C. C'est une excellente plante médicinale utilisée pour ses qualités fongicides et antiseptiques. |
| 8. Le mûrier tinctorial est un gros arbre avec un tronc cylindrique et une écorce gris-jaunâtre. Les branches sont épineuses, les feuilles tombent pendant la saison sèche et les petites fleurs sont beiges. Son bois en copeau est utilisé pour sa teinture jaune. Ce type de mûrier a un bois qui sert à fabriquer les arcs et les flèches utilisés pour la chasse et la guerre (qui se prépare généralement en automne saison du métal qui a un caractère de protection donc militaire, et se déclare au début de l'hiver.) C’est lui qui sert à faire cuire les aliments. |
| 9. Le sophora, originaire des plaines arides Chine est un arbre au port majestueux, d'une grande ampleur de 20 à 25 m de hauteur et 10 m d’étalement, et qui pousse assez vite. Il exige le plein soleil.
Seuls les arbres de plus de 15 ans fleurissent, et uniquement les étés chauds. résistant bien aux basses températures, il apprécie la chaleur. Il craint les vents forts, car son bois est cassant. Avec ses racines puissantes, il est préférable de ne pas le planter trop près des bâtiments. Les chinois se servaient des boutons floraux pour teindre la soie en jaune et employaient également les fleurs dans des produits cosmétiques ou en beignets.
Mois où la coupe des arbres est enfin autorisée pour le bois de chauffage. |
La quatrième saison est l’hiver, dédiée au puits. Saison du gel, de la fermeture (portes, routes,) couverture, dissimulation, surveillance, repli sur soi, confinement, interdire et fermer, obstruction des voies de passages, récompenses à titre posthume, suppression de tout ce qui est inutile, vérification des cercueils, période de repos pour tous les êtres sauf les soldats. La période des guerres s’ouvre au 1er mois de l’hiver. Entraînement des hommes au combat. Réparation des matériels agricoles. Globalement, l’hiver est la saison du ralentissement, même de la lenteur, voire aussi la mort. Mais la mort avant le renouveau avec la notion de cycle de vie, car la vie persistante revient après la mort, avec le printemps. |
| 10. Le santal est un arbre d’essence yin, (comme la saison hiver) originaire du Népal qui atteint une hauteur de 4 à 9 mètres, et peut vivre pendant un siècle. Santalum album se produit dans les forêts sèches du littoral ou jusqu'à 700 m d'altitude.
La période des guerres s’ouvre au premier mois de l’hiver. Le bois de santal est particulièrement prisé à cause de sa dureté, de sa résistance au temps dans la fabrication du mobilier chinois. (Des meubles, des coffres et des boîtes à bijoux) Le santal est l'un des principaux constituants de l'encens fabriqué en Chine, à Taïwan, au Japon, au Vietnam, en Corée, et est destiné à être allumé dans les temples ou lors des cultes. |
| 11. Le jujubier « So » d'origine chinoise, possède deux caractéristiques rares et intéressantes : port compact et rameaux tortueux que sa silhouette d'hiver, dépourvue de feuilles, met particulièrement en valeur. Son réseau racinaire est très développé. Certaines variétés supportent le gel jusqu'à -10°. Le bois des arbres les plus développés est recherché car d'excellente qualité en menuiserie-charpenterie ou pour faire du charbon de bois. On extrait de la graine du jujubier de Chine des composés actifs sur le système nerveux qui ont une action tranquillisante et favorisent le sommeil. Le jujube ne présente pas de toxicité importante et n'entraîne ni accoutumance ni addiction. Dans ce fruit on trouve également une substance qui permet de limiter l'apparition des caries dentaires. |
| 12. Le chêne, en raison d'une croissance lente, a besoin de 100 à 150 ans pour atteindre la canopée? Il a cette force qui lui permet de vivre et croître attiré par la lumière malgré son éloignement de celle-ci. Mais cette lenteur permet au chêne de produire un bois dense et dur, apprécié pour de nombreux usages. Si on le laisse vivre, le chêne dépasse facilement les 500 ans, et jusqu'à plus de 1000 ans et plus, exceptionnellement. De nombreux "arbres remarquables" pour leurs taille et ancienneté étaient (ou sont encore) des chênes.
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La pensée chinoise taoïste dit :
« Un homme est comme un arbre, sans racine il ne pousse pas droit ». (N’étant pas droit, il n’a pas de rectitude, s’il n’a pas de rectitude, il devient pervers. )
Mais aussi,
« Un arbre droit, on le coupe car il a une utilité, (planches, meubles, charpente, armes, batellerie), alors qu’un arbre tordu n’a aucune utilité, donc il vivra vieux. »
Il faudrait donc savoir reconnaître ses racines pour bien pousser droit et cultiver sa rectitude et se perfectionner. Mais « point trop n’en faut ! »
Ne pas exhiber sa vertu si l’on ne veut pas attiser les convoitises et finir par être détruit. C’est la règle du juste milieu des taoïstes. »
Et nous en Occident, où en sommes-nous avec les arbres ?
Suzanne Simard, chercheuse canadienne a depuis 30 ans réalisé un travail très intéressant sur la communication des arbres : voir ici
Pour mieux vous donner une idée des similitudes entre l’arbre et l’humain, voici une copie d’un récent rapport scientifique publié sur le site de Reforestaction.com
Et si les plantes avaient des yeux ? C’est ce qu’avance le scientifique Stefano Mancuso. Vous ne regarderez plus jamais les plantes de la même manière !
Dans la continuité des travaux de Suzanne Simard, la scientifique canadienne qui a, pour la première fois, affirmé que les arbres communiquaient entre eux, les recherches de l’italien Stefano Mancuso démontrent que les arbres ne sont pas seulement doués de la parole, mais également… de la vue !
Cette théorie s’appuie sur la découverte récente ayant révélé le fait que la cyanobactérie, une espèce d’algue microscopique, agit comme une lentille pour projeter l’image de la source de lumière sur sa membrane cellulaire. Pour simplifier, elle agit de façon similaire à l’œil humain, qui capte la lumière et la projette sur la rétine située à l’arrière de l’œil.
D’autres espèces de plantes plus développées, telles que le chou, produiraient quant à elles des protéines comparables aux ocelles – les yeux des insectes qui leur permettent de capter les variations de luminosité.
Stefano Mancuso va même jusqu’à affirmer que la vigne sud-américaine Boquila Trifoliolata « voit » véritablement les formes qui composent son environnement. Elle possède en effet une aptitude hors du commun à changer la forme et les couleurs de ses feuilles pour se confondre avec celles de l’arbre sur lequel elle se développe.
Et vous, cela change t-il votre regard sur les végétaux maintenant ?