Ch’iu Ying (1494-1552), Dynastie Ming (1368-1644)
Rouleau, encre et couleurs sur soie, 30.6 cm x 5,74 m
Ch’iu Ying (du style Shih-fu), natif de T’ai-ts’ang au Kiangsu, est né dans une famille pauvre. Déménageant avec sa famile à Soochow, Ch’iu était apprenti comme artisan laqueur. Il a appris plus tard l’art de peindre avec Chou Ch’en (1450-1535) et imité les anciens ouvrages des dynasties T’ang (618-907) et Song (960-1279), devenant si expert que ses copies étaient indistinguables des originaux.
De plus, par ses fréquentes relations avec des lettrés, sa renommée atteignit un point tel que les générations suivantes l’ont classifié avec les artistes d’écoles tels que Shen Chou (1427-1509), Wen Cheng-ming (1470-1559), et T’ang Yin (ca. 1470-1523) comme un des Quatre Grand Maîtres des Ming. L’utilisation par Ch’iu Ying’s de la brosse était méticuleuse et raffinée et ses peintures de paysages et de visages étaient ordonnées et bien proportionnées. En plus d’être élégantes et raffinées, ces peintures étaient aussi bien décoratives.
Ce long rouleau est une représentation imaginaire des diverses activités lors d’une matinée de printemps dans un palais de la dynastie Han (206 AC- 220PC) . Parmi elles, se trouve la fameuse histoire de Mao Yen-shou peignant le portrait de Wang Chao-chun. Selon l’histoire, les concubines de l’Empereur Yüan-ti (48-33 BC) étaient si nombreuses qu’il ordonna à l’artiste Mao Yen-shou de peindre leurs portraits de façon à les choisir à sa convenance. A l’exception de la loyale Wang Chao-chün, toutes les concubines soudoyèrent l’artiste pour qu’ils les embellisse. Afin de ne percevoir aucun pot de vin, l’artiste enlaidit le portrait de Wang lui ôtant ses chances de susciter la visite de l’empereur. Un jour, quand un chef barbare vint à la cour en ambassadeur, il cherchait une beauté Han pour en faire son épouse. L’empereur, croyant que Wang Chao-chün était la moins attractive des concubines, la choisit pour être la femme du chef. Ce n’est qu’en la voyant qu’il réalisa qu’elle était la plus magnifique de toutes. Furieux, il fit exécuter l’artiste.
Cet ouvrage avec une composition travaillée, menant de la droite vers la gauche, est obtenu grâce à un croustillant travail à la brosse et des couleurs magnifiques. Des arbres et des rochers décoratifs agrémentent et ponctuent le paysage du jardin face à l’architecture somptueuse du palais. En plus des groupes de beautés, certaines d’entre elles sont montrées dans des activités de loisirs, associées à des lettrés, telles que jouant du cithare, aux échecs, à la calligraphie, et peignant aussi bien des antiquités que des fleurs.
Cette pièce maitresse de la peinture semi-historique de Ch’iu Ying a été donnée par le fameux collectionneur Hsiang Yüan-pien et completée quelques temps après 1542.